L’autobus part du restaurant Daolin, notre quartier général à Paksé, pour nous emmener à la dernière destination de notre périple au Laos. Ça veut dire que ça fait déjà un mois qu’on est ici. Le temps passe bien trop vite.
Trois heures de minivan nous séparent de Don Khong, notre première escale des 4000 îles. Nous arrivons sur l’île en fin d’après-midi sous une chaleur écrasante. Nous devons d’abord trouver un toit pour laisser nos sacs. Julie et Alex (le couple de québécois de Nong Kiaw) nous avait chaudement recommandé l’hôtel d’un gars qu’ils ont rencontré lors de leur séjour ici. Puisque la haute saison touristique est terminée, il a de la difficulté à remplir sa guesthouse et pourrait assurément nous faire un gros rabais.
La guesthouse est à quelques minutes seulement du débarcadère. C’est un véritable manoir d’inspiration française situé au bord du Mékong. On déduit que les chambres ici doivent coûter la peau des fesses. Cependant, nous ne perdons rien à aller rencontrer M. Pet, le tenancier de l’endroit. Il n’y a personne à la réception et le reste du bâtiment semble vide aussi. Soudain, un bonhomme fait son entrée, c’est M. Pet. Nous lui mentionnons que nous sommes des amis d’Alex et de Julie. Il nous fait un grand sourire et nous invite à monter voir les chambres. C’est une guesthouse cinq étoiles comme on ne s’en permet jamais. Il y a même de la clim. Non-négligeable à la température qu’il fait dehors. Il peut nous faire la chambre à 80 000 kips (12$). C’est autour de ce qu’on à l’habitude de payer, alors nous acceptons l’offre avec plaisir et nous vautrons sur le lit immense.
Khongmany Hotel
Seule la faim fini par avoir raison de nous et nous force à sortir de notre nid climatisé. Nous partons ainsi marcher le long de la berge pour trouver un endroit où manger un peu. Il y a une série de petits restaurants avec des balcons qui donne tous sur le fleuve et les petits monticules qui forment les 4000 îles. On en choisi un au hasard et on mange un riz frit avec une bonne limonade bien froide.
Ensuite, comme s’il ne faisait pas assez chaud, nous louons deux vélos pour aller faire un rapide tour de l’île. Nous empruntons un chemin qui coupe l’île en deux passant dans les terres à travers les plantations de riz. À la saison sèche, Il n’y a que des champs assoiffés à perte de vue dans lesquels se dresse parfois des petites fermettes en bois. Les huit kilomètres de contrées désertiques débouchent de l’autre côté de l’île dans le village de Muang Saen. On dit que c’est le meilleur endroit de l’île pour regarder le soleil se coucher, alors nous étirons le temps en roulant tranquillement dans les minuscules rues en répondant à tous les hello hello que nous lancent les enfants. Nous déposons finalement nos vélos au bord de la plage et nous installons sur un billot de bois pour voir le ciel lentement se gorger de rose et d’orangé.
Nous n’avions pas vraiment prévu le retour à Muang Khong. Le soleil ayant presque terminé sa descente lorsque nous quittons la plage, nous devons rouler un bon bout à la lueur de nos lampes frontales et des quelques étoiles dans le ciel. Une panne d’électricité sévit aussi sur l’île nous privant même du peu de lueur que nous offraient les chaumières. Nous commençons à avoir pas mal hâte d’arriver à bon port. Heureusement tout se passe bien pour nous et nous revenons à Muang Khong en même temps que le courant. Le temps d’un petit souper sur une terrasse au bord de l’eau et nous revenons sur notre balcon pour écrire un peu. Le vent nous rafraîchi et nous porte doucement vers le lit.
L’île de Don Khong est assez tranquille et il n’y a pas grand chose à faire dans ce coin de pays. Alors au petit matin nous prenons une barque en direction de l’île de Don Det. Le trajet d’une heure nous permet de faire du slalom entre les minuscules îles et d’avoir une vue privilégiée sur ces dernières.
Nous accostons sur la plage de Don Det où quelques personnes se baignent et se font bronzer. L’île semble très touristique à première vue avec sa longue lignée de restaurants comme comité d’accueil. Le look hippie des visiteurs dans la ville confirme la réputation de l’île de party. Certains établissements offrent des camisoles « Been there, Don Det » que les touristes arborent avec grande fierté. Eh boy! Nous sommes bien curieux de découvrir ce que l’endroit nous réserve.
Nous marchons longuement sur la route principale à la recherche d’un bungalow avec vue sur l’eau. Malheureusement, rien ne nous convient ni en terme de prix ni en terme de comfort. Juste avant de capituler et d’opter pour le moins pire du lot, nous tombons sur la guesthouse de Mama Piang. Notre chambre modeste ne donne pas sur le Mékong, mais possède un grand balcon avec hamacs et une brise fraîche continuelle. Mama Piang est une dame très spéciale. On dirait une petite fille prisonnière d’un corps d’adulte. C’est d’ailleurs son côté excentrique qui lui a valu le surnom de « Crazy » Mama Piang. Surnom que des touristes ont rajouté à la main sur l’enseigne de l’endroit et sur les menus.
Après s’être installé rapidement, nous louons un vélo et partons à la découverte de Don Det. Une boucle d’environ sept kilomètres en fait le tour et permet de voir l’essentiel. Nous roulons parfois sur des chemins de terre à travers les rizières asséchées, parfois sur des petits chemins de campagne couverts de grands arbres et souvent dans des villages qui longent le fleuve. Une fois revenu au point de départ, on s’empare de nos maillots et on court se rafraîchir à la plage. Là-bas, Jean-Nick, fidèle à lui même, ne peux s’empêcher de faire une sculpture en sable. Des enfants laotiens l’observent d’abord de loin puis de plus en plus près. Ils finissent par s’installer avec lui et faire des répliques de sa sculpture.
Rizières asséchées
Le soir nous allons souper dans un délicieux restaurant indien. La bouffe y est géniale. Plus tard nous apercevons Jack, l’écossais de Luang-Prabang, dans un resto-bar. Il est installé ici depuis une semaine et il travaille en échange d’un toit et de ses repas. On prend quelques verres avec lui et un couple d’amis de l’Écosse qui l’ont rejoint.
Le lendemain nous entreprenons de faire le tour de l’île de Don Khon, en vélo toujours. Un petit pont en béton relis l’île de Don Det et celle de Don Khon. La principale attraction de l’endroit est sans doute les chutes de Li Phi tout près du pont. Nous optons par contre pour le chemin plus long qui fait complètement le tour de l’île et qui par le fait même est moins visité par les touristes. En roulant à travers les villages, nous sommes visiblement les seuls blancs qui sont passés depuis un bout. Des enfants s’amusent avec un petit singe sur le bord de la route. Ils se chamaillent avec lui et prétendent faire du Kung Fu. Le spectacle est merveilleux. Nous arrêtons pour rigoler un peu avec eux.
Nous roulons ensuite longuement sur des sentiers en terre à travers la jungle à découvrir des chutes cachées et autres coins magiques. Nous aboutissons au parc des chutes Li Phi. Les cascades sont magnifiques et s’étendent à l’horizon. La saison sèche ne semble pas affecter le débit de l’eau qui se jète dans la rivière avec une violence assourdissante. Nous marchons tout au long de la rivière pour atteindre une petite plage paisible où le courant est moins intense, mais l’est tout de même trop pour la baignade.
Nous assistons au coucher du soleil au dessus des rochers. C’est signe pour nous qu’il ne faut plus traîner. Le vélo à la noirceur on a déjà donné. Nous ne réussissons quand même pas à l’éviter totalement, puisque les quinze dernières minutes on les fait dans le noir totale. Visiblement on apprend pas de nos erreurs.
Nous rendons nos vélos et nous dirigeons vers un resto où travaillent deux françaises que nous avons rencontré la veille. Nous les retrouvons complètement défoncées à tenter tant bien que mal à servir leurs quelques clients. L’île de Don Det est assez molle au niveau des lois. Il n’y a pas vraiment de police et ce n’est pas rare de voir des touristes fumer des pétards dans les commerces à la vue de tous. On les regarde avoir toute la misère du monde à fonctionner et on rit pas mal.
Après le repas nous retournons voir Jack dans son bar et prenons quelques verres avec lui et ses amis. À la fermeture, nous allons tous nous écraser à la plage dans l’espoir de faire lever le party dans cette ville qui est finalement beaucoup plus tranquille qu’elle le laissait présager. Le stratagème marche bien et plusieurs personnes se joignent à notre cercle, locaux comme touristes. Bientôt nous sommes une trentaine sur la petite plage et c’est la fête jusqu’aux petites heures.
Pour notre dernière journée au Laos, nous décidons de ne foutre absolument rien. Nous restons sur la terrasse de Mama Piang à préparer notre traversée au Cambodge et à écrire un article pour le blog en buvant des shakes à la mangue. Mama Piang maîtrise l’art du shake comme très peu de laotiens. On abuse un peu. Et quand la température se fait trop pesante, nous marchons jusqu’à la plage pour se saucer, puis nous revenons à la guesthouse et continuons de ne rien faire. Ça fait un bien fou.
Restaurant de Mama Piang
Plage de Don Det
Petit traversier de bamboo
Puisque nous partons demain, nous devons absolument essayer le King Kong, supposément le meilleur resto de l’île. On décide de s’y rendre à pieds pour compenser notre état comateux de la journée. La route et longue et il fait chaud. L’accueil au King Kong est moins chaleureux qu’on avait imaginé. Trois vieux types au look texans un peu louches jouent au poker en fumant clopes par dessus clopes. C’est à peine s’ils remarque notre présence. Le resto est vide de client, mais nous venons de marcher quarante minutes pour arriver ici. Pas question de rebrousser chemin. Nous prenons chacun un laap au poisson. C’est la spécialité du pays et c’est notre dernière chance pour en manger un. Quand les plats arrivent, ils sont tellement épicés que c’est véritablement un défi de les manger. Avec l’humidité ambiante, on su à grosses gouttes. C’était le plat le plus authentique qu’on pouvait espérer. Épicé Lao style. Quand les brûlures s’estompent, le goût est merveilleux.
Demain commencera un nouveau volet de notre voyage, le Cambodge. On est très excité à l’idée de partir à la découverte de ce territoire. On vous réserve la traversée pour le prochain article.