Le trajet vers Vang Vieng est assez rock’n’roll. Entassés dans une minivan, nous voyons la route défiler un peu trop rapidement sous nos yeux. Nous roulons huit longues heures sur une route de montagne sinueuse et très étroite. Le chauffeur freine brusquement chaque fois que l’on croise un véhicule à contre-sens. On retient notre souffle à quelques reprises par peur d’un face à face. Heureusement pour nous, notre chauffeur n’en est pas à son premier rodéo et nous atteignons Vang Vieng sans l’ombre d’une égratignure.
Longtemps considérée comme la destination touristique de rêve, Vang Vieng fut victime de son propre succès. Elle a tranquillement perdu son âme aux mains des fêtards sans fond. Il aura fallu plusieurs malheureux accidents pour que les autorités décident d’intervenir. La ville est maintenant beaucoup plus propre, mais elle porte encore les cicatrices de cette époque. On nous fait sentir comme des portefeuilles ambulants lorsque l’on marche à travers les étales de bouffe qui n’ont plus rien de Laotiens. Après notre virée au nord, le contraste est choquant.
À la recherche d’une chambre, nous marchons le long de la route principale. Trois restaurants identiques jouent des reprises de la série américaine friends sur des téléviseurs suspendus. Les touristes regardent la sitcom, évachés sur des coussins en se remettant tranquillement de la soirée de la veille.
Nous trouvons une guesthouse un peu reculée de l’action sur l’île de Saysong. La chambre est superbe et on négocie le prix pour y rester trois jours. On a envie de prendre une petite pause de mouvements et de s’installer un peu.
On rejoint Alex et Julie pour aller se promener dans la ville. On se perds volontairement derrière les rues touristiques. Sur une piste de décollage désuète est organisée une mini fête foraine. Il y a quelques jeux d’adresse où des locaux lancent des fléchettes sur des ballons pour gagner des bouteilles de jus. Il y a aussi un marché où l’on vend un paquet de cochonneries. Plus loin, des locaux jouent à une version laotienne du bingo. Il se fait tard. La ville s’évanouie avec la tombée du couvre-feu. Nous aussi d’ailleurs.
Le lendemain on décide de se la couler douce. On se lève tard et on va déjeuner tranquillement. Des huttes sont installées le long de la rive de la Nam Song. On s’y installe avec une bière et on essaie de mettre à jour le blog. On passe la journée à sauter à l’eau, écrire un peu, se faire bronzer et faire la sieste. On fait ça en boucle jusqu’à ce que le soleil se couche. C’est n’est pas une grosse journée d’aventure, mais c’est une pause grandement nécessaire.
On va ensuite souper dans un pub irlandais où l’ambiance rappelle ceux de la maison. On s’y prends d’ailleurs chacun un gros hamburger avec des frites. Comme si on mettait une pause sur le voyage pour mieux repartir demain.
On passe le reste de la soirée à chercher Jack, un gars qu’on avait rencontré sur le bateau. Il nous a laissé savoir qu’il était en ville et qu’il passerait la soirée au Sakura bar, la place populaire de la ville. C’est un gros dance club rempli de kids sur le party. On y vend des ballons d’anniversaire remplis de gaz hilarants. C’est bien pour dire. Aussi, à l’achat de deux shooters, vous recevez une camisole où on peut lire « Drink Triple, See Double, Act Single ». Exactement notre type d’endroit… Bref, on ne trouve pas Jack et on ne reste pas vraiment plus longtemps.
Le lendemain, nous repartons à l’aventure. Si son ambiance festive ne plait pas à tous, le décor de Vang Vieng n’a pas de détracteur. Les gens y viennent de plus en plus pour les activités en périphérie de la ville. Nous louons donc des vélos de montagnes et partons à la découverte des paysages de calcaire et autres joyaux naturels de la région.
Sur des longs chemin de roches, on se fait brasser le derrière en masse. Le soleil est cuisant et si haut qu’il ne crée aucune ombre. Dans ces conditions, le vélo n’était peut-être pas la meilleure idée, mais on persévère jusqu’à l’entrée d’une première grotte. Le jeu en vaut la chandelle. Nous montons un escalier abrupte jusqu’à ce que l’on atteigne une grande fissure dans le rock de la montagne. Armés de lampes frontales, nous pénétrons dans l’antre de Tham Nang Oua Kham. La température à l’intérieur est plus clémente, ça fait du bien. Les plafonds de la cave sont très haut et l’effet est saisissant. Certains stalagmites résonnent comme des touches de xylophone lorsqu’on les frappe. On a bien du plaisir à niaiser avec ça. Tout le long du tunnel, des dizaines de petites statuettes de bouddha ont été placés par des fidèles. L’allée-retour jusqu’au fond de la grotte dure environ une heure. C’est juste assez pour nous rafraîchir et nous redonner le courage de continuer la boucle.
On embarque sur nos vélos et la chaleur reprend le dessus très vite. L’état de la route rend le trajet insupportable. On saute même quelques grottes au passage par fatigue et manque d’enthousiasme. On a juste hâte de se retrouver sur une chaussé moins menaçante. Après une trentaine de kilomètres de hors piste, on pose les roues sur une surface en gravier bien tapé. Le calvaire est derrière nous. On continue notre chemin vers le Blue Lagoon, piscine naturelle émeraude où nous pourrons nous rafraîchir un peu.
Le site n’es pas exactement ce que nous avions en tête. Déjà le stationnement est bondé de touristes et de locaux. L’ambiance est plus près de celle du Beach Club que celle du film The Beach. Des jeux sont aménager dans les arbres entourant la rivière. On peut sauter à l’eau à partir de plateforme à différentes hauteurs, faire de la corde à Tarzan ou encore profiter des balançoires perchées aux branches. Un peu plus loin, pour un supplément d’argent, on peut même profiter de quelques glissades d’eau qui atterrissent directement dans le bassin aussi.
Malgré le nombre de visiteurs, on réussi à se saucer et à s’installer sur une parcelle de gazon pour pique-niquer. Nous allons ensuite visiter Tham Poukham, une autre grotte sur le site du Lagoon. Celle-ci au lieu d’être un long tunnel est comme une immense voûte. L’entrée est grande et permet d’illuminer l’intérieur. Un autel gît au milieu de la chambre et devrait en théorie supporter une représentation du Bouddha couché. Cette dernière a cependant été poussée dans le vide par des gens mal-intentionnés. On joue les explorateurs pendant quelques temps et ont repart à temps pour profiter du coucher de soleil, mais surtout pour être rentré avant la noirceur. On soupe avec Julie et Alex une dernière fois car nos chemins se sépareront demain. Nous arrêterons à Vientiane alors qu’eux continueront plus au sud par manque de temps. Le soleil et la chaleur on fait leur effet, nous sommes claqués et nous couchons tôt.
Ce matin nous quittons Vang Vieng dès huit heures pour arriver à Vientiane en début d’après-midi. Nous n’y faisons qu’un petit arrêt car nous avons réalisé que les petits villages et leurs habitants nous touchent beaucoup plus que les grands centres. Donc une seule nuit ici et on repartira le demain. On veut quand même tirer profit de notre journée dans la capitale alors on dépose nos sacs à la guesthouse et on va marcher à la rencontre de la ville. À première vue, la ville semble intéressante. Les commerçants se donnent la peine d’avoir des logos décents et parfois même des concepts pour leur boutique. (Défaut professionnel ici) Ça fait différent de la quasi-totalité des commerces du pays qui ont tous la même enseigne jaune moutarde commanditée par Beerlao. Point négatif cependant, tout est beaucoup plus cher que ce à quoi on nous a habitué ailleurs.
À notre grande surprise, on croise un Dairy Queen au coin de notre rue. C’est comme un appel du cœur vous comprenez? Nous n’avons pas vraiment d’autre choix que d’essayer leur version du fameux blizzard. Ils ont la plupart des saveurs internationales, mais nous nous laissons charmer par deux variantes très locales; Green Tea et Mango Sticky Rice. Pas dégueux, mais on regrette un peu nos classiques.
On marche le long du Mékong dans le Riverside Park qui mène jusqu’au palais présidentiel. Des marchants commencent à préparer leurs tentes pour le night market. Ça promet. On marche ensuite longuement sur l’avenue Lang Xang, l’artère centrale. Cela nous permet de bien sentir le pouls de la ville. On voit soudain apparaître au loin le Pataxai (Victory Gate) une espèce d’Arc de Triomphe version Laotienne. L’arc est situé dans un beau parc aménagé avec des fontaines et des jardins. C’est un endroit très calme malgré le nombre élevé de touristes qui se prennent en selfies avec le monument en arrière-plan. En boni, on peut aussi grimper les sept étages de l’arc et avoir une superbe vue sur la ville et l’architecture environnante.
Nous nous dirigeons lentement vers les échoppes du night market alors que le soleil descend à l’horizon. La ville tourne tranquillement en mode soirée. Les commerçants allument les grills dans la rue et les plus âgés sortent les jeux de boules. Cependant, Toute la ville semble s’être donné rendez-vous au night market. Il y a du monde à la messe. On se perd à travers les vendeurs de linge, de jouets et de bijoux. C’est un peu plus dur trouver des stands de bouffe, mais quand même un vendeur de sandwiches de style Shishtaouk conquit notre estomac. C’est délicieux. C’est bien heureux et le ventre bien tendu qu’on rentre chez Saysouli Guesthouse pour la nuit. Dès demain, on repart à la campagne.