Nous prenons le petit-déjeuner avec Alex et Julie avec qui on s’entend très bien. Jack s’est couché beaucoup plus tard et n’est toujours pas debout. Nous partons à la recherche d’une nouvelle guesthouse pour fuire celle où nous avons passé la nuit. Luang Prabang est une ville très touristique et tous les hôtels auxquels nous cognons sont soit déjà pleins, soit beaucoup trop chers.
Nous finissons par dénicher Jaliya Guesthouse. Il leur reste deux mignons bungalows pas cher du tout. La guesthouse est bien située à cinq minutes à pieds du marché. Nous y déposons nos sacs et partons à la découverte de la ville.
Le Laos a longtemps été une colonie Française (1893-1953). On en voit l’héritage par les stands de bouffe de rue qui vendent baguettes et pâtisseries, mais aussi par l’architecture. Les vieilles maisons coloniales cohabitent avec les maisons laotiennes typiques. Elles sont construites avec des matériaux locaux leur proférant une saveur exotique malgré leurs formes familières. Un métissage intéressant à observer.
On ère dans les rues de la ville pendant plusieurs heures dans l’espoir de découvrir des ruelles et des racoins cachés aux yeux des touristes. Lorsque le soleil nous quitte, nous nous dirigeons vers le night market pour aller trouve à souper. En bifurquant de la rue principale vers une petite ruelle, nous tombons sur un buffet à ciel ouvert plein d’ambiance où tout a l’air vraiment délicieux. Pour quinze milles kips (2,50$), on vous donne un bol à remplir avec les dizaines de mets préparés sur l’étalage. Bien-sûr, on prend un peu de tout. Vous pouvez aussi demander qu’on réchauffe le contenu de votre bol au wok. (Si ça vous est égal que tout vous revienne mélangé ensemble. Fruits et légumes inclusivement). On mange tellement qu’on en vient à avoir mal au ventre. Ne sachant pas trop si c’est la quantité ou la qualité qui est en cause.
On croise Tim et Alysson devant un resto populaire et on leur donne rendez-vous dans un des lieux branchés de la ville, le Utopia. C’est un complexe ouvert toute la journée où l’on peut relaxer, jouer au volley-ball de plage ou encore faire du yoga avec vue sur la rivière. À la nuit tombée, l’endroit se transforme en bar avec DJ et plancher de danse. En arrivant, on aperçoit le reste de la gang du bateau assis à une table. La place est bondée, mais on trouve tout de même un coin sur la terrasse de bambou un peu à l’écart. On s’assoie sur des coussins au sol autour d’une table basse et éclairés par la mince lueur d’une chandelle, nous testons une nouvelle bière locale, la Namkhong. On la teste même à plusieurs reprises pendant la soirée. Juste pour être bien certain qu’on l’aime. On se laisse emporter par la musique du DJ et on envahi le dancefloor. Le bar ferme ses portes vers minuit dû au couvre-feu imposé sur tout le pays. En y pensant bien, c’est quand même une bonne chose puisque nous voulons aller voir les moines recevoir les aumônes demain matin. Et ça se passe très tôt.
Nous réussissons à lever nos corps lourds à cinq heures trente pour aller assister au Tak Bat. Sur une rue à quelques mètres de la guesthouse seulement, une poignée d’habitants bouddhistes s’installent sur des tapis ou sur des petits bancs avec leur panier de riz et leur paquets de biscuits. Vers six heures on entend un son de tambour signifiant le début de la cérémonie. Les moines sortent de leur temple respectif créant, dans les rues encore sombres, des vagues oranges contenant une dizaine de bonzes chacune. Les moines bouddhistes ne sont pas autorisés à gagner ou à dépenser de l’argent, les rendant complètement dépendants des aumônes. Il ramasse ainsi chaque matin leurs repas pour la journée et redistribuent les surplus aux gens plus démunis.
Ils marchent dans la rue dans un silence religieux et tendent leur bol aux paysans qui y déposent une portion de nourriture qu’ils ont eux même soigneusement préparés la vieille. La scène est sereine et nous sommes conscient de la chance que nous avons de pouvoir y assister. Malheureusement, la beauté de cette tradition l’a rendu très populaire auprès des touristes. Des autobus de chinois débarquent à profusion et ne respectent aucunement le décorum très strict entourant la cérémonie. Ils se prennent en selfies avec les moines et font preuve d’un grand manque de savoir vivre. C’est vraiment navrant.
Nous quittons la scène pour aller faire des provisions pour le reste de la journée. Nous irons visiter la chute de Kuang Si aujourd’hui et désirons l’atteindre avant les hordes d’autobus… justement. Nous nous rassemblons avec Tim, Alysson, Alex, Julie et Justine (une autre passagère du bateau) devant notre guesthouse pour partager les frais du trajet de TukTuk vers les chutes. Nous sommes surpris par la première pluie de notre voyage. Une petite bruine qui rend le trajet d’une heure très froid et plutôt désagréable. Heureusement, le ciel se dégage dès que le véhicule s’arrête dans le stationnement du parc national.
En s’engageant dans le sentier qui mène vers la chute, nous croisons un sanctuaire où sont gardés une trentaine d’ours noirs asiatiques sauvés des mains des traffiquants. Ils vivent dans un grand enclos en pleine forêt et ont tout un complexe de jeux en bois et en pneus pour se divertir. Nous avons la chance de passer juste au moment où l’un des gardiens cache de la nourriture un peu partout dans le parc. Les ours arrivent et se mettent à faire toutes sortes d’acrobaties pour mettre la main sur une banane. Amusés, nous regardons longuement le spectacle du haut d’une passerelle… bien à l’abris.
Les chutes de Kuang Si s’étendent sur plusieurs plateaux sur lesquels se sont naturellement formées des piscines turquoises liées entre elles par des cascades de toutes les tailles. Un chemin longe la dizaine de plateaux pour culminer au pied d’une grande chute faisant deux cent pieds de haut. Les plus téméraires peuvent prendre un sentier très abrupte qui monte jusqu’à la source tout en haut. Étant un peu téméraire nous même, nous empruntons le chemin qui nous mène devant une côte s’apparentant davantage à un mur. Nous mettons une trentaine de minutes pour escalader la montagne. Le paysage au sommet vaut amplement les efforts déployés. Nous y restons un petit moment avant d’amorcer la descente qui heureusement se fait sur un autre versant, moins difficile et parfois pourvu d’escaliers de bois.
Dès que l’on retrouve les plateaux, on commence à croiser beaucoup de touristes. On se félicite tous de s’être lever si tôt. Puisque les efforts dans ce climat humide nous ont donnés très chaud, nous nous rafraîchissons en sautant dans l’une des piscines naturelles sous l’œil ébailli des passants. On se cache dans des petites grottes sous les cascades. Le décor est féérique et le moment est magique.
Chantale, Jean-Nick, Alex, Julie, Justine, Tim, Alysson
Nous quittons les lieux à onze heures trente et nous rentrons à Luang Prabang très tôt en après-midi. Ayant beaucoup de temps encore devant nous, nous partons à la découverte du village de Phan Louang à quelques minutes de marche du centre-ville de Luang Prabang. On traverse la Nam Khan sur un étroit pont de bambou et on est aussitôt arrivé. Sitôt le pont franchit, on atterrit dans un monde complètement à part. Si la grande ville semble prospère, ici c’est tout le contraire. Les vieilles maisonnettes tombent en ruine et les gens sont habillés avec du linge trop grand de l’armée du salut. Très peu de voyageurs doivent se donnet la peine d’explorer ce côté de la rivière si on en croit les yeux curieux des villageois. Les enfants viennent à notre rencontre pour nous lancer des Sa-bai-dee (« Bonjour » en Lao) et des grands sourires.
Certains villageois tiennent des petits magasins devant leur maison. Nous passons devant le commerce d’une sympathique famille qui fait grillé de la viande sur un feu qui tient dans un demi baril de métal. Parmi les pièces de viande, on reconnaît des pieds de poulets comme ceux qu’on avait vu en Thaïlande. Charmé par l’odeur du BBQ Jean-Nick décide de donner une chance à ce met qui ne fait pas l’unanimité parmi la bande.
Verdict : Ça goûte pas mal les ailes de poulet, mais il n’y a pas grand viande.
On fait rapidement le tour du petit village et on décide de rebrousser chemin pour éviter de revenir à la noirceur. Presque rendu au pont de bambou, un laotien d’une cinquantaine d’année nous aborde car il a reconnu que nous parlions français (…Et car il trouvait les filles pas mal cutes). Dans un français très rouillé, il nous explique qu’il adore la langue française et les gens qui la parle. Il nous explique sa vie, son passé et ses projets d’avenir dans un flot incessant de paroles confuses. On tombe tout de suite sous le charme de ce bonhomme trop emballé de discuter avec des touristes.
Alex, Julie, M. Thong, Jean-Nick
M. Tom (écrit Thong) nous montre la cabane donnant sur le Mékong où il dort pour surveiller ses bateaux contre les bandits. Il nous dit qu’on peut venir y dormir quand on veut. Qu’on sera toujours les bienvenus chez lui. Il nous traine presque de force dans une deuxième cabane à quelques pas de là. La vieille cabane sur pilotis tient de peine et misère et est entourée d’enclos où vivent canards, poules et lapins. M. Tom nous dit qu’on peut aussi venir dormir ici, si on veut bien s’occuper de ses animaux. On est tous un peu sous le choc par son entrain surnaturel. Il fini par nous emmener dans sa vraie maison ou du moins celle où vit sa femme. Il nous assoie à sa table de cuisine et nous offre à boire et à manger. Il quitte quelques instants nous laissant tout juste le temps de se demander « mais qu’est ce qu’on fait ici ?» Il revient rapidement avec une vielle bouteille d’eau en plastique contenant ce qu’on comprend être du Lao-Lao, whiskey laotien fait maison. Il nous invite à trinquer avec lui. On enligne les verres et on commence à trouver tout cette histoire pas mal drôle.
Au bout d’une bonne heure, sa femme arrive avec des soupes de style cup-a-soup pour tout le monde. M. Tom s’excuse de ne pouvoir nous recevoir convenablement, car il n’a pas beaucoup d’argent. Émus par tant de générosité, nous décidons de lui offrir des grosses bouteilles de Beerlao pour le remercier. Mais au lieu de les garder pour lui comme nous en lui implorons, il les ouvre tous avant même qu’on ai le temps de s’en rendre compte et remplis nos verres. Nous restons chez M. Tom une bonne partie de la soirée à discuter avec lui et avec son fils Loun qui nous rejoint plus tard. Notre charmant hôte nous répète sans cesse que si jamais nous revenons à Luang-Prabang, il faut impérativement venir dormir chez lui. On se fera un gros BBQ. Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.
Nous quittons nos généreux hôtes et repartons vers Luang-Prabang avec les facultés un peu diminuées. Pas question d’aller se coucher tout de suite! Nous nous dirigeons donc vers le Utopia où l’on connaitra assurément quelques personnes. Comme de fait, presque tous nos amis du bateau y sont. Nous dansons comme des bêtes jusqu’à ce que les portiers nous indiquent la sortie un peu après la fermeture. Quelle soirée mémorable !