La plupart des gens qui traverse au Laos par Chiang Khong font le trajet en slowboat jusqu’à Luang Prabang, une des villes principales du pays. La longue traversée dure deux jours et permet de voir des villages et des paysages fabuleux le long du Mékong. Si plusieurs optent pour des voyages organisés qui partent directement de Chiang Mai, nous croyons pouvoir sauver quelques bahts en faisant le trajet par nos propres moyens.
Après six heures de brassage dans un vieil autobus voyageur, nous mettons les pieds dans la ville de Chang Khong. La ville située à la frontière de la Thailande accueille presque exclusivement des touristes qui passeront au Laos la journée suivante. Le petit village semble être concentré le long d’une rue principale presque déserte et sans trop d’interêt.
Un TukTuk nous emmène dans le quartier des guesthouses et nous promet de nous mener d’une à l’autre jusqu’à ce qu’on trouve celle qui nous convient. Nous choisissons rapidement une chambre très bon marché dans une guesthouse un peu pourrie sachant qu’on ne sera en transition ici qu’une seule nuit. On le regrette quelques minutes plus tard lorsque on prend un peu le temps d’analyser l’état des lieux. L’air est humide et froid. Le lit est tâché. Ça pu. On se dit qu’on reviendra y dormir, mais qu’on n’y restera pas une minute de plus. On part donc s’échouer sur la terrasse d’un étrange café à thématique Harley Davidson. La terrasse sur le toit, donne un point de vue sur le Mékong et sur le Laos sur l’autre rive. C’est le contexte idéal pour planifier notre traversé du lendemain.
Lorsque le soleil se couche, nous allons marcher tranquillement sur le bord du fleuve pour étirer le temps. Du coup, la ville qui nous avait parue drabe et sale nous révèle ses charmes. Des belles terrasses de restaurants surplombent la promenade aménagée. Chaque hôtel y met du sien en installant des statues, des lumières ou même une balançoire!
Nous marchons le long d’une grande boucle jusqu’à tomber sur une rue remplie de restaurants et bars sympathiques. – On avait jugé trop vite – Nous croisons un touriste qui fait une remarque sur la casquette des Expos de Jean-Nick, devenue véritable « conversation piece » tout au long du voyage. Après avoir discuté des sujets d’usage (durée du voyage, pays visités) Tim et sa conjointe Alysson, un couple New-Yorkais, nous suggère un resto mexicain un peu plus loin et nous propose de les rejoindre dans un pub Anglais plus tard en soirée. Multiculturalisme touristique thailandais!
On mange rapidement une assiette de nachos et un quesadilla. Tout deux très bons compte tenu du fait que le sympatique chef et propriétaire du restaurant ne soit jamais sorti du pays. Nous allons ensuite rejoindre nos nouveaux amis américains au Hub Pub. La place est déjà bondé de touristes de partout sur le globe. Le propriétaire Alan Bate, récipiendaire du record Guiness du plus rapide tour du monde à vélo, à fait de l’endroit un petit musée accrochant aux murs bicyclettes, maillots de course et découpes de journaux. Les voyageurs sont aussi invités à laisser leurs traces sur les murs grâces aux crayons sharpies qui traînent sur les tables.
L’ambiance est à la fête et tous les étrangers jasent et trinquent ensemble comme s’il était de grands amis. On joue au billard avec d’autres voyageurs et on rencontre Jack, un drôle d’écossais plein d’énergie et de quelques bières aussi. Tout ce beau monde prendra le même bateau que nous demain matin. On étire la nuit pour qu’il ne reste que quelques heures à passer dans notre chambre minable.
Le lendemain, on part tôt pour éviter les foules et pour s’assurer de ne pas manquer le bateau, littéralement. On passe chercher deux sandwiches au Mexicain et on saute dans un TukTuk en direction du pont de l’amitié. C’est un des quatres ponts qui ont été construit entre la Thailande et le Laos pour réconcilier un passé hostile entre les deux pays. Pour traverser le pont, il est obligatoire de prendre un autobus qui fait le trajet en deux minutes seulement. Ça nous semble plus comme une arnaque pour faire davantage d’argent. Surtout que sur le vingt bahts du billet, on vous charge un cinq bahts supplémentaire si vous passez le soir ou le weekend. Pour nous qui passions un jour de semaine, la surcharge était pour « holiday« . Enfin bref.
De l’autre coté du pont, nous demandons des « Visa on arrival« . Quelques formulaires à remplir, quarante-deux dollars Americains et au bout d’une vingtaine de minutes, nous reçevons nos papiers officiels. Nous sommes désormais bienvenue au pays. On passe un mini poste de securité et en quelques minutes on se retrouve dans les rues de Houayxai. Les doigts dans le nez.
Douanes de Houayxai
On embarque dans un TukTuk vers le port. Ce sera cent vingt milles kips par personne pour faire le long trajet de bateau. Eh oui, nous avons changer de monnaie. Juste quand on commencait à s’habituer. Un dollars canadien donne environ six milles kips. Ça fait un drôle de feeling de retirer un million dans un guichet automatique et de ne pas manquer de fonds.
Les slowboats sont des versions géantes des longtails qui nous avions utilisé en Thailande. On y assoies, à vue de nez, une centaine de personnes sur des bancs d’auto déposés au sol. Pas un comfort cinq étoiles, mais on devrait être à l’aise pour la quinzaine d’heures nous séparant de Luang Prabang. Aussitôt arrivé dans l’embarcation, nous reconnaissons Tim, Alysson et plusieurs autres compagnons de la veille. Heureux hasard, nos sièges sont tous dans le même coin. Nous continuons la discussion là où elle s’était arrêtée.
Le bateau tarde à partir. On attends toujours des passagers coincés à la frontière. Un homme vient nous expliquer le trajet et nous proposer des chambres dans une guesthouse de Pakbeng, où le bateau s’arrêtera pour la nuit. Dans un mouvement de masse, tous nos nouveaux amis s’empressent pour réserver leur chambre. Pour éviter de se ramasser seuls dans notre guesthouse, nous embarquons dans la vague et réservons la notre aussi. Le bateau fini par lever l’ancre et nous quittons le quai. L’homme qui nous a vendu les chambres n’est plus à bord et soudain plane le sentiment qu’on s’est tous fait rouler. Dans tous les blogs que nous lisions avant de faire le trajet, on nous mettait en garde contre ce genre d’arnaques. Dans la foulée, nous avons baissé nos gardes et risquons d’avoir encore une fois perdu de l’argent au profit d’un sale voleur. Nous n’avons que seul reçu un bout de papier avec un nom de guesthouse. Rien ne sert de trop s’en faire pour l’instant. Il nous reste huit heures de trajet avant d’en connaître le dénouement. Aussi bien profiter du moment.
La courte nuit fait que tous nos amis du pub piquent un somme dès que les moteurs se mettent à ronronner. Quelques heures passent sans un son à bord. Le bateau glisse lentement sur les eaux troubles du Mékong avec comme paysage de magnifiques sommets. Alors que tous reprennent leur esprit, l’ambiance à bord tourne lentement à la fête. On se lève, on se promène et on ouvre des grosses canettes de Beerlao, bière locale. Les numéros de sièges ne sont plus que des suggestions. C’est le party sur le slowboat.
Nous arrivons à Pakbeng alors que le soleil se couche. Le quai est rempli d’adolescents qui proposent de traîner nos sacs en échange de kips. Des jeunes enfants volent notre sac de déchets des mains de Chantale et partent en fouiller le contenu un peu plus loin. Le spectacle est particulièrement triste à voir. C’est aussi le moment de vérité à savoir si on s’est fait avoir en réservant nos chambres. Tout le monde est un peu sur les nerfs, même les autres passagers du bateau qui suivaient notre saga du fond de leur siège. Alors qu’on avait honnêtement cesser d’y croire, à la surprise générale, un camion nous attend tous juste en haut du quai. Le camion nous mène rapidement à la guesthouse. Tout est en règle et nous recevons la clé de notre douillette chambre. Plus de peur que de mal. Nous avons tous peine à y croire. Lesson learned.
Le temps de prendre une douche rapide et tous le monde est partant pour poursuivre la soirée ensemble. Le chauffeur de camion qui nous avait amené à la guesthouse propose de nous faire découvrir le restaurant où travail sa mère (ou sa sœur… c’est flou). Nous marchons vers le resto et croisons Julie et Alex, un couple de québécois qui voyage avec nous sur le bateau. Ils se renseignent sur l’issue de notre histoire et on les invite à se joindre à notre régiment. Nous sommes une vingtaine de convives autour d’une grande table. On mange en abondance, on rit et on boit… beaucoup. Les bouteilles de whiskey s’enlignent sans cesse et sont gracieusement offertes par la maison. Encore une soirée qui se termine trop tard et qu’on regrettera assurément (un peu) demain matin.
Nous devons être de retour sur le quai à huit heures et demi. Ce que nous réussissons à faire contre toutes attentes. Le bateau est déjà rempli à craquer. On comprend que même si c’est deux bateaux qui sont arrivés de Houayxai hier, ce n’est qu’un seul bateau qui continuera vers Luang Prabang ce matin. Pas besoin d’un baccalauréat en mathématiques pour comprendre que les chiffres ne concorderont pas. Les places assises sont déjà toutes comblées et certaines personnes ont déjà investis le centre de l’allée. On nous amène dans une section à l’arrière du bateau, habituellement réservée à l’équipage. Nous saisissons deux bancs à la volée. D’autres sont assis au sol entre les casseroles de l’équipage et les bagages des autres passagers. Lorsque le bateau démarre, le moteur fait un son infernal. Seul un mince rideau nous en sépare et ses effluves d’essence étourdissent et empestent l’air. La route s’enligne pour être plus laborieuse que celle d’hier.
Après une heure de route, Chantale a déjà mal au cœur et va prendre une marche à l’avant du bateau question de prendre une bouffée d’air frais. Soudainement, le bateau s’arrête sur la rive pour y déposer deux touristes en plein milieu de nul part. Chantale saute sur l’occasion pour dérober les deux sièges maintenant libres. C’est ainsi que nous passerons le reste du voyage bien assis au devant du bateau qui continue parfois, malgré tout, à faire monter à bord des locaux…et leurs cochons !
Villageois attendant le bateau
Nous atteignons Luang Prabang un peu après cinq heures. Heureusement nous avions prit la peine de réserver une chambre avant de partir pour cette aventure. Nous partageons un TukTuk avec tous nos amis du bateau et ce dernier nous dépose tour à tour devant nos guesthouse respectives. La réception de notre hôtel semble avoir de la difficulté à gérer les réservations et ne parle pas un traitre mot d’anglais. Nous comprenons qu’ils ont donné notre chambre à quelqu’un d’autre et nous finissons par obtenir une chambre un peu crasseuse dans laquelle ni l’air climatisée, ni le ventilateur ne fonctionne. La salle de bain n’a plus de poignée et le lavabo est défoncé. On se félicite de n’avoir réservé qu’une seule nuit. Demain on cherchera ailleurs. Julie, Alex et Jack ont eux aussi prit des chambres dans cet établissement, mais ont eux plus de chance. On se réuni un peu plus tard pour aller souper ensemble au night market. On savoure différents plats de nouilles et des rouleaux de printemps. Avec, bien sur, un shake aux fruits pour faire descendre le tout !
On est tous un peu creuvés par les deux derniers jours disons, éprouvant. On rentre donc tôt pour remplir nos batteries, histoire de pouvoir revenir en force demain.