Nous allons prendre possession de notre moto chez Pop Bike Rentals. Rien de ce que Jean-Nick à l’habitude de conduire à Montréal, notre petite 155cc sera notre monture pour la Mae Hong Son loop. C’est une grande boucle qui part de Chiang Mai et qui sillone les montagnes du nord de la Thailande. On revient au point de départ au bout de 5 ou 6 jours.
Le chemin est très sinueux et est constitué de pas moins de 1864 courbes parfaitement asphaltées. Un gros party pour conducteur aguerrit. Malheureusement, plusieurs touristes s’y aventurent sans experience sur deux roues faisant de cette route la plus meurtrière du pays.
C’est avec grande prudence qu’on entame l’aventure. On conduit à gauche et il est impossible de trouver une limite de vitesse officielle nul part. Autres facteurs qui poussent à rester hyper vigilant.
À peine sortis de Chiang Mai, nous sommes arrêté par un barrage policier. Ils tassent les touristes à moto sur le bord de la route pour vérifier leurs papiers. Pour conduire dans un autre pays, vous devez obtenir au préalable un permis de conduire international auprès de la SAAQ. En gros ce n’est qu’un document qui traduit les infos de votre permis en plein d’autres langues. Nous, on avait pas fait ces démarches. Le policier nous demande le papier, on ne l’a pas. Il nous pointe le poste de police et nous montre un petit carton sur lequel il est écrit que l’amende est de 1000 bahts. Il pointe ensuite le portefeuilles de Jean-Nick en faisant une gestuelle qui veut clairement dire; « on peut surement s’arranger ». – Un vrai champion du mime – On comprend rapidement « l’opportunité » qui s’offre à nous et Jean-Nick lui tend un billet de cent bahts, mais le policier insiste pour qu’on lui payes la totalité de l’amende, qu’il glisse rapidement dans sa poche de pantalon. Il nous fait ensuite ce qui devait être un beau grand sourire sous son masque et nous fait signe de poursuivre notre chemin. Il y a une dizaine de motos et scooters sur le bord de la route. Tout le monde subit le même très lucratif traitement. Un peu fâché après nous, mais surtout après la situation, nous poursuivons notre route vers le premier checkpoint, la ville de Pai, espérant ne pas tomber trop souvent sur d’autres barrages comme celui-ci.
La route est incroyable et les paysages qui l’entourent le sont tout autant. Le parcours est parsemé de courbes, virages en épingle et de côtes. Un pur plaisir à conduire. Au bout de trois heures on arrive à Pai. Une miniature ville qui n’abrite essentiellement que des jeunes touristes sur le party et des hippies sur la dérive depuis fort longtemps.
On note sur la carte qu’il y a un canyon à proximité et on lit que le couché du soleil y est magnifique. Le timing est parfait. Le temps de s’y rendre et le spectacle commencera. Des chemins se sont formés sur le dessus de minces montagnes vertigineuses. On peut y marcher et escalader les bouts plus abruptes. C’est très haut. Coeurs sensibles s’abstenir. La vue du soleil qui s’éteint derrière les montagnes embrumées est magnifique.
On reste jusqu’à ce que le soleil soit complètement hors de vue et on part visiter le centre-ville et son marché de nuit. L’ambiance au marché est bien, mais on sent la forte influence touristique. On y vend aussi bien des plats typiques thais que des lasagnes et du spaghatte. Ça brise l’exotisme. On se choisi quelques petits plats qu’on mange en marchant sur la rue principale.
Nous avons réservé une chambre à la Baan Katisod, une guesthouse qui, selon les photos sur le web, semblent propice aux conversations avec d’autres backpackers. On commence à trouver qu’on ne rencontre pas assez de voyageurs. Ça devrait aider.
Quand on arrive en début de soirée, il y a déjà un jeune homme en train d’allumer un feu dans un pit en pierres entouré de chaises et de bûches. Ça regarde bien. On va à la chambre mettre du linge un peu plus chaud et on va s’asseoir avec le gars au bord du feu. Il est de la Corée du Sud et malheureusement ne parle pas assez bien l’anglais pour tenir une conversation. Deux Thais viennent nous rejoindre, mais ne parle pas l’anglais non plus. Semblerait qu’on devra attendre encore un peu avant de se faire de nouveaux amis. On travaille un peu sur le blog pendant que le feu meurt tranquillement et on s’en va au lit.
On aura vu pires conditions de travail.
On part tôt de la chambre et on arrête déjeuner dans une pâtisserie française, le Cake Go ‘O’. Le décor est quétaine à un autre niveau avec des fleurs en plastique qui tapissent littéralement les murs, mais la bouffe y est très bonne.
On se dirige ensuite vers Soppong. La ville ne faisait pas parti du plan initial, mais nous avons lu une foule de bons commentaires sur ce coin et nous avons décidé d’y passer la nuit. À 3 heures au nord de Pai, Soppong regorge de beautés naturelles. À notre arrivée, nous cherchons une place pour dormir. Au bout d’un long chemin de terre, nous trouvons la Cave lodge Guesthouse. Un superbe complexe un peu perdu dans la forêt sur le bord d’une rivière. Tous les bâtiments sont fait en bois rond et en bamboo. Ça a vraiment du cachet. Et coup de chance, on loue la dernière hutte disponible.
Comme son nom le laisse présagé, la Cave lodge est située à quelques pas d’une grotte que l’on peut visiter. Il est obligatoire de prendre les services d’un guide avant de partir à la découverte de la caverne. L’entrée se fait à bord d’un long radeau de bamboo. L’ambiance est très sereine alors que nous nous enfonçons lentement dans la noirceur de la grotte. Notre guide traine une lanterne au gaz qui fait office de seule source de lumière pendant tout le trajet. La mince lueur de la lampe permet de voir les dizaines de poissons sous le radeau qui bouillonnent lorsqu’on les nourrit. Nous descendons à trois reprises du radeau pour aller visiter de grandes galleries où l’on marche à la queue parmi les immenses stalagmites. Il y a dans une des chambres de la grotte des cercueils en bois de teck vieux de plus de deux mille ans.
À la sortie de la grotte, nous apercevons une gang de gars qui se sont fait un feu sur une des rives de la petite rivière qui parcoure la grotte. Nous remercions notre guide et allons à la rencontre du trio. Il paraîtrait que tout juste avant le couché du soleil, tous les hirondelles de la région reviennent à la grotte pour y passer la nuit et que le spectacle est impressionnant.
Nous restons autour du feu avec les trois canadiens pour attendre le moment magique et en profitons pour faire une petite saucette dans la rivière. Vers 18 heures les premières hirondelles se pointent le bec dans le ciel bleu. Elles se mettent à tournoyer devant la lune qui se montre déjà au loin. Des centaines de milliers d’autres viennent à leur rencontre et entrent dans la danse. Au bout de quelques minutes, les oiseaux piquent les uns après les autres vers la caverne pour disparaître dans ses profondeurs. Le tableau est tout simplement hallucinant. Malheureusement, on doit rentrer avant la fin du spectacle car le soleil se couche et on aura un petit bout de forêt à parcourir avant de retrouver la moto.
On rentre à la guesthouse et on s’installe autour d’un bon feu en espérant pouvoir jaser un peu avec des inconnus. Un couple de Brésiliens viennent s’asseoir tout près de nous avec visiblement la même intention. On jase un peu et on se rend compte que lui est photographe, elle, directrice-artistique. La chance non? On passe la soirée avec eux à parler voyages et à boire de la Chang. Évidemment.
On se couche un peu tard, malgré les 4 heures de route qui nous attendent demain matin. Parlant d’attendre, vous devrez aussi attendre pour la 2e partie du périple. À tout de suite.